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MANIFESTATIONS |
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Présentations : Marc Audí, extrait de sa préface à Sommaire astral & autres poèmes, cipM, octobre 2011 Les transferts de l’art à la littérature sont une constante chez Brossa. Dans une interview avec Antonio Molina en 1968, le poète reconnaissait la contamination mutuelle de l’art et de la littérature. Il considérait ces genres comme des manières différentes d’exprimer une même réalité. Beaucoup d’auteurs ont parlé de ce « tout Brossa ». Nous retenons ici, par son importance, l’avis de son ami et collaborateur Antoni Tàpies : « Brossa, néanmoins, est le vivant paradoxe de la ferveur des limites et des métriques et, en même temps, d’un art sans frontières, jusqu’à la destruction des genres. » Ce destin, déployé à six mains, correspond aux trois éléments essentiels et substantiels de l’ensemble de sa production : la parole, l’action et la vision. Un univers qui, à travers les divers prismes d’un kaléidoscope, propose une leçon de vie : une hétérodoxie constante qui souhaitait ouvrir les mots sur la réalité. « Le jeu doit transcender. Le théâtre, réinventer (nous en sommes toujours à la tragédie grecque !). L’illusion est un moteur qui ne doit jamais s’éteindre. La magie doit être vue comme la nécessité d’une mutation. Les songes doivent être colorés. Les absurdités, arrangées. Et la réalité doit ouvrir ses fenêtres : elle doit être un point de départ et non d’arrivée. » Glòria Bordons, in ' ' ' Le Cahier du Refuge ' ' ' 204, octobre 2011 Extraits : Sommaire astral 1 Sous forme humaine et habité par le langage, je jette les dés et ouvre les livres. Nul ne danse convaincu. Les bras ne se lèvent que pour cogner avec les mains, non pour tracer des signes. J’observe les détails du feu peint de manière à figurer à un visage. Tout le monde se marche sur les pieds. Ils décortiquent les fruits et ne les mangent pas. Les drapeaux sont de la couleur du chaos, et le serpent est le maître des vivants. Le sel n’empêche pas la mer de pourrir, pas plus que les lettres ne correspondent au travail. La preuve en est que le pouvoir joue le rôle d’unique centre et dans le monde se produisent des artifices qui s’accordent sur toutes les conclusions (et sur toutes sortes de spéculations) qu’il nous faudrait abandonner. La force des rochers ne pense pas. J’écris signes et lettres sur une peau de boeuf. Je transfère à la pensée la terre, le ciel et l’eau et je jette du sable sur un miroir pour y observer de capricieux dessins ou bien pour y tracer une lettre. Année après année, je griffe la terre de mes ongles afin de tailler l’ombre qui me devance et pénètre les racines. Joan Brossa, extrait de Sommaire astral & autres poèmes, cipM, octobre 2011 ![]() Joan Brossa, poèmes visuels issus de Les etceteras, cipM, octobre 2011 |
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voir aussi : Joan Brossa (Expositions) Joan Brossa - Les etceteras infinis (Manifestations) lire aussi : Les etceteras Sommaire astral 204 (Joan Brossa) écouter : ![]() |