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MANIFESTATIONS |
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Présentations : Glòria Bordons, extrait de L’Univers hétérodoxe de Joan Brossa, les six mains du destin, in ' ' ' Le Cahier du Refuge ' ' ' 204, septembre 2011 Un nom soudain s’est imposé, d’une brutale actualité, surgi dans la buée des larmes : Joan Brossa. Le poète catalan s’en est allé le 30 décembre 1998 et il semblait impossible de conduire ce colloque sans qu’hommage lui soit rendu et ce en dépit de la réticence devant les reconnaissances post-mortem, qui le plus souvent soulignent d’abord l’indifférence pour ne pas dire la frivolité des vivants. Mais il s’agit de Joan Brossa et le problème, comme toujours dès lors qu’il s’agit de lui, se pose en d’autres termes pour exprimer l’admiration, l’amitié, la complicité. Et sur le mode rieur qu’il affectionnait entre nous. Encres et pigments... on se retrouve confronté à une pratique traditionnelle qui épouse la démarche brossienne, qui semble la dire. À savoir l’utilisation d’un matériau signifiant accessible au plus grand nombre pour atteindre l’autre sens, celui, caché, qui demande à être interrogé. Qui ne cache que pour mieux se révéler. La décontextualisation, la mise en contact, sorte d’oxymore spatial, force la lecture et inscrit un sens nouveau, latent que le regard du poète, du peintre – mais n’est-ce pas la même chose ? – a su dévoiler. Partant des pigments et des sables de sa terre d’origine et de leur utilisation comme médiums, le créateur ressuscite – ou suscite ? – des formes nouvelles qui ne doivent plus grand chose à l’alphabet traditionnel. Tout comme partant de l’alphabet occidental, de sa graphie en langue romane, ou de l’objet usuel puisé dans l’horizon quotidien, Joan Brossa crée un univers nouveau, en tout cas différent, où la poésie et l’humour se retrouvent, enfin réconciliés. […] Montserrat Prudon-Moral, extrait de Rencontre, in ' ' ' Le Cahier du Refuge ' ' ' 204, septembre 2011 Extrait : Nuit Au-delà de l’espace que nous percevons brille une multitude innombrable de mondes pareils au nôtre. Ils tournent tous et se meuvent. Trente-sept millions de terres. Neuf millions cinq cent mille lunes. Je pense avec effroi aux distances incalculables et aux millions de globes morts autour de soleils déjà éteints. Je médite sur l’orgueil. Que se passe-t-il au-delà des astres ? On a arrosé le sol. Une femme donne un baiser à une petite fille. Aujourd’hui le dîner a été splendide. On entend jouer l’orgue de Barbarie. Il y a un miroir accroché au mur. Entrez, entrez, la porte est grande ouverte. Dehors passent un berger et un chiffonnier. traduit par Montserrat Prudon-Moral et Pierre Lartigue, in L’illusionniste, La Différence, 1991, p. 23 Concert hommage à Joan Brossa par Carles Santos - présentation : ![]() Carles Santos (Vinaròs, 1940) a su créer une esthétique et un langage musical bien à lui. Il a commencé sa carrière en 1961 comme pianiste et a transformé le concert classique en une nouvelle forme de théâtre musical. Ses créations, qui englobent le spectacle scénique, plastique et musical, ont fait de lui un musicien reconnu. Carles Santos est l’héritier de l’esprit avant-gardiste qui rayonnait dans les œuvres de Joan Miró et de Joan Brossa. D’ailleurs ces deux artistes catalans ont marqué le début de sa carrière. En 1967, il compose et interprète le ‘Concert Irregular’ [Concerto irrégulier] (1967) de Joan Brossa, dont la première a lieu à Saint-Paulde- Vence, Barcelone et New York pour commémorer le 75e anniversaire de Miró. La poésie surréaliste de Brossa et la plastique symbolique de Miró ont exercé une grande influence sur sa conception théâtrale et musicale. Carles Santos a été formé au Conservatoire de Musique du Liceu de Barcelone. Une éducation parachevée auprès des maîtres Février, Casadesus, Magda Tagliaferro, Margaret Long, puis Harry Datymer, en Suisse. En 1968, il est bénéficiaire d’une bourse de la Fondation March qui lui permet d’élargir son horizon aux États-Unis, où il rencontre John Cage. Il fonde et dirige, avec Josep M. Mestres Quadreny, le Grup Instrumental Català (ICG). Dans les années 1970, Santos décide de ne plus interpréter que son oeuvre. Dès lors, le piano de Santos devient une icône de l’art, au-delà du fait musical. [...] Tout au long de sa carrière, il a reçu diverses commandes spéciales, comme la musique du spectacle Concert Irregular, de Joan Brossa, pour la commémoration du 75e anniversaire de la naissance de Joan Miró. in ' ' ' Le Cahier du Refuge ' ' ' 204, septembre 2011 |
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voir aussi : Les etceteras / Sommaire astral (Manifestations) Joan Brossa (Expositions) lire aussi : Les etceteras 204 (Joan Brossa) |