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"Que deviendront l’art et la littérature dans cette fureur réductrice et destructrice ? Continuerons-nous à côtoyer l’oeuvre des uns et des autres ? Leurs visages et leurs mots nous seront-ils encore familiers ? Et, surtout, nous parleront-ils toujours ? Subjugués par le grand cirque consumériste, submergés par le clinquant et le vide, ne serons-nous pas devenus sourds et aveugles à quelque art que ce soit, hormis à ses avatars pompiers, bouffons et décérébrés ?
Je n’entrevois que trop la teneur détestable des réponses possibles. C’est pourquoi les portraits que peint Patrick Sainton me touchent au plus haut point. Qu’ils s’agissent de poètes, d’écrivains ou de philosophes, proches ou lointains dans le temps, quelque chose, dans son travail plastique, s’ancre et se poursuit. Tout un pan d’activité humaine, infime et précaire, souvent bafouée, souvent minorée et ignorée du plus grand nombre, mais qui pointe l’essentiel et nous rattache à une très ancienne chaîne humaine, tout entière requise par l’effort de sentir, d’expérimenter et de rendre compte."
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Olivier Domerg, Patrick Sainton ou l'art du portrait, extrait.

© Jean-Marc de Samie |