
Cette deuxième exposition que j’organise sur Isou zoome volontairement sur l’une de ses innombrables activités : la sphère poético-musicale. Par rapport à ses ambitions : (bouleverser la société de fond en compte, refonder une culture globale dynamique grace à une méthode (la Créatique) qui rendrait ses contemporains novateurs, et faire advenir ainsi une société paradisiaque (mais concrète!), la poésie-musique peut sembler dérisoire à Isou. Comme il le dit lui-même en 1950 dans Précisions sur ma poésie et moi : « À la fin, ni Mallarmé, ni Baudelaire n’ont plus écrit. Il n’y a que des couillons – comme Breton – à mâcher toute leur vie une expérience unique sur des milliers de pages ».
Et si Isou a énormément écrit, publié, (plus de 200 livres et encore davantage de textes dans de multiples revues lettristes à tirage plus ou moins confidentiel), son œuvre poétique, pourtant capitale, demeure scandaleusement ignorée puisque même pas rassemblée en volume à ce jour (c’est-à-dire après sa mort, survenue pendant la préparation de cette exposition cet été, dans un silence général quoique attendu).
J’ai très rarement, jamais puis-je dire, entendu quelqu’un, avant la mort d’Isou, qui soit capable de me citer le titre d’un de ses poèmes. L’unique chose répétée étant d’une part la pré-séance de Raoul Hausmann, Kurt Schwitters, voire Artaud ; ainsi que d’autre part le dépassement d’Isou par ses disciples mêmes, notamment François Dufrêne et Gil J Wolman. Mais d’Isou même, personne ne savait quoi en dire exactement.
Je crois que tous ces arguments seront remis à leur place lors de la parution de ses Œuvres Poétiques Complètes et qu’une visite au cipM lors de cette exposition montrera facilement les différences entre tous ces travaux, la spécificité d’Isou, son travail radical et véritablement novateur.
Frédéric Acquaviva |