
Rifa't Sallam, en résidence au cipM, à la fin de l'année 2005.
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Extraits :
Elle approche
Cri
se pose — le matin — sur ma fenêtre.
Je le chasse :
se pose sur mes cheveux :
je le chasse :
se pose dans mon coeur.
Je dis :
amère mon heure approche.
Matin
La mer frappe à ma fenêtre dans le matin imprévu.
Je n’étais pas un corps mort.
Je buvais ce qui restait,
notais les choses,
je leur donnais leurs derniers traits,
et la mer est venue battre à ma fenêtre,
elle m’a abandonné :
corps mort.
Oubli
J’ai oublié en elle mon corps,
mon histoire,
mes petites choses.
Oublié en elle mon ombre
et l’étoile méridienne.
Je chavire
— je me déserte —
de la terre interdite
vers des cieux amers.
Et
retrouverai-je ma soif
à l’instant du rien – le dernier ?
Dernier
Un dernier regard :
soleil boit un thé,
vents dorment dans mon lit
et nuage sous l’oreiller,
feu monte au mur,
choses petites me font juste un signe
et la boîte de cigarettes est vide.
Je passe. "Juste un signe", extrait de Une autre Anthologie, Fourbis, 1994, traduit de l’arabe par Jean Charles Depaule |