
En 1976, Polaroid, livre-poème de 100 pages a paru chez Adventures in Poetry / Big Sky Press, à un tirage de 1000 exemplaires. Le texte a donné lieu à une lecture intégrale (enregistrée deux ans plus tôt par Michael Kölher à lUniversity of Connecticut at Storrs), dite par Clark Coolidge, et publiée par S Press Tapes.
La question de la transposition, en français, du poème de Clark Coolidge, sinscrit dans le programme quassignait Emmanuel Hocquard à la traduction : « Quand jécrivais que la poésie américaine daujourdhui traduite en français est une contribution à la littérature française daujourdhui, je ne voulais pas dire que cette dernière sen trouvait augmentée ou enrichie, mais que sa surface au sol y gagnait en zones inexplorées. Traduire aujourdhui de la poésie américaine en français, cest gagner du terrain. / Terrain qui nappartient pas. No mans land. Ni à vendre ni à bâtir. Et surtout pas terrain de rencontres, déchanges, de dialogues, de discussions, dinfluences, bref de communication. Mais un espace augural dobservation et de réflexion. »*
Je dis pourtant transposition et non pas traduction ; laquelle ne pourrait quimparfaitement rendre compte du travail décriture, dans son articulation formelle et syntaxique. Les moyens de cette transposition sont assurés par le modèle de lanalogie, qui promet une projection de lenjeu du poème, de la langue anglo-américaine vers le français : établissement dun corpus de termes équivalent, dun champ de dispersion du vocabulaire homothétique, et de régularités syntaxiques conformes à loriginal. Lhistoire, cependant, ne pourra être quautre, qui tient à la différence irréductible dont la pierre de touche reste la différence du fonctionnement des vers anglais et français entre les deux milieux linguistiques. Je tiens que limprévu qui naît de cette transposition assure la révélation finale de la structure par laquelle Polaroïd, en français, trouve la justification de son titre.
Les deux premières étapes de ce travail ont été présentées dans la revue issue ; la troisième sera loccasion dune lecture intégrale du texte français, à voix haute, dune durée approximative de 1h 45.
Polaroïd par Clark Coolidge, naurait pu trouver sa forme définitive sans le concours de Jennifer Bonn, qui a suivi les premières étapes de cette transposition. Et dont je salue ici la patience opiniâtre. Éric Pesty
extrait :
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quel puis que peut-il
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* Ma Haie, « Taches blanches », P.O.L., 2001
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