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Que restait-il, au lendemain d’une guerre, de ses désastres, de ses désillusions, sur quoi bâtir? Quelle assurance donner à une parole qui se refuserait à la fois au soliloque subliminal des uns et à l’engagement restrictif des autres? Tout le langage, est-on tenté de répondre, tous les mots qui attendent d’être mis ensemble, mais désassujettis des finalités secondes, des motivations subreptices dont ils s’étaient aggravés. Était-ce derechef un leurre, le rêve récurrent d’une virginité des vocables, d’un sens plus pur, ainsi que l’avait exprimé une fois pour toutes Mallarmé, dans l’acception quasi alchimique du terme?
[...] Claude Esteban, extrait de Au plus près de la voix, dlpc 8, cipM, juin 2003 |